2022 – 2023
The Salton Sea, a landlocked body of water in Southern California, lies on the San Andreas Fault within a trough that extends all the way into Mexico. This shallow saline lake was created by an irrigation accident precipitated by the flooding of the Colorado River in the early 20th century. The lake is currently drying up and could disappear entirely over the next few decades. This no man’s land with its stunted palms was a busy tourist resort during the 1950s and 1960s. In its crumbling marinas one can still see dilapidated wharves and boat wrecks.
Since my first project Desert Shores in 2015 – 2016, most of the abandoned hotels and ruined buildings I’d photographed earlier have since completely fallen down or been demolished. The level of the lake has dropped substantially in the past few years and the navigation canals are dry. There are no more fish in the remaining stagnant lagoons, whose foetid basins are filled with an oddly coloured sludge that betokens the presence of cyanobacteria. For decades, agricultural runoff from the Imperial Valley has been flowing into the lake, contaminating it with water containing fertilizer and pesticides. Along with nitrates, there is lead, chrome, selenium and even DDT. Since evaporation regularly outstrips the desert precipitation, pollutants have built up into compact concentrations over time. The old salt-scorched beaches are now covered in a thick layer of toxic alluvial deposits. The wind blows across this sediment and carries particles of it into neighbouring cities, leading to lung problems for some of the inhabitants.
The Salton Sea is slowly vanishing. I have to walk much farther now to reach its shores, now that the desert is reclaiming its territory. Before this poisoned mirage disappears for good, I would like to capture its ephemeral landscapes, whose disquieting and ambiguous beauty continue to fascinate me.
FRANÇAIS
Salton Sea est une mer intérieure du sud de la Californie. Elle est située sur la faille de San Andreas dans un creux topographique qui s’étend jusqu’au Mexique. Ce lac salé peu profond fut créé par un accident d’irrigation lors d’une crue exceptionnelle du fleuve Colorado, au début du siècle dernier. Il est aujourd’hui en voie d’assèchement et risque de disparaitre au cours des prochaines décennies. Ce no man’s land aux palmiers rabougris était un site touristique fréquenté pendant les années 50 et 60. Dans les marinas décrépites de cette ancienne station balnéaire, on peut encore apercevoir des quais délabrés et des épaves de bateau.
Depuis mon projet Desert Shores en 2015 – 2016, la plupart des hôtels abandonnés et des bâtiments en ruines que j’avais photographiés se sont écroulés ou ont été démolis. En quelques années seulement, le niveau du plan d’eau a beaucoup baissé et les canaux de navigation se sont asséchés. On ne trouve plus de poissons dans les lagunes stagnantes qui subsistent; ces bassins fétides sont remplis d’une vase dont les couleurs étranges signalent la présence de cyanobactéries. Depuis des décennies, les eaux du ruissèlement agricole provenant de la Vallée impériale s’écoulent dans ce lac clos, le contaminant avec une eau souillée par les engrais et les pesticides dont elles sont chargées. On y trouve notamment des nitrates, du plomb, du chrome, du sélénium et même du DDT. Comme il y a davantage d’évaporation que de précipitations dans cette région aride, les polluants s’accumulent et se concentrent sur les lieux. Brûlées par le sel, les anciennes plages sont maintenant recouvertes d’une épaisse couche d’alluvions toxiques. Lorsque le vent souffle sur ces sédiments, il transporte vers les villes avoisinantes des particules nuisibles qui causent des problèmes pulmonaires chez certains habitants.
La mer de Salton se meurt peu à peu: pour l’atteindre j’ai dû marcher plus longtemps sur ses berges, le désert y reprenant rapidement ses droits. Avant que ce mirage empoisonné ne s’estompe définitivement, je voulais en capter les paysages éphémères, dont la beauté trouble et ambiguë ne cesse de me fasciner.